Bonsoir !
Je vous demande de l'aide pour mon tout dernier devoir de latin, ce qui ne signifie pas que j'arrête le latin (que j'avais été forcé de prendre) mais que je l'arrête en tant que matière scolaire.
Quelle ne fut pas ma surprise, voyez-vous, de constater qu'il n'y a aucune traduction à faire, pas même de thème, rien... Pas de latin.
Juste de l'analyse bête et méchante qui gâche toute la beauté du texte. Je suis mauvais dans cette section là, mauvais par choix, à cause du manque d'intérêt poignant que je trouve à ce genre d'exercice, qui nous demande de mettre odieusement à nu toute la magie d'un texte.
Le texte en question est un passage de l'Énéïde de Virgile :
Et iam prima nouo spargebat lumine terras
Tithoni croceum linquens Aurora cubile. 585
regina e speculis ut primam albescere lucem
uidit et aequatis classem procedere uelis,
litoraque et uacuos sensit sine remige portus,
terque quaterque manu pectus percussa decorum
flauentisque abscissa comas 'pro Iuppiter! ibit 590
hic,' ait 'et nostris inluserit aduena regnis?
non arma expedient totaque ex urbe sequentur,
diripientque rates alii naualibus? ite,
ferte citi flammas, date tela, impellite remos!
quid loquor? aut ubi sum? quae mentem insania mutat? 595
infelix Dido, nunc te facta impia tangunt?
tum decuit, cum sceptra dabas. en dextra fidesque,
quem secum patrios aiunt portare penatis,
quem subiisse umeris confectum aetate parentem!
non potui abreptum diuellere corpus et undis 600
spargere? non socios, non ipsum absumere ferro
Ascanium patriisque epulandum ponere mensis?
uerum anceps pugnae fuerat fortuna. fuisset:
quem metui moritura? faces in castra tulissem
implessemque foros flammis natumque patremque 605
cum genere exstinxem, memet super ipsa dedissem.
Sol, qui terrarum flammis opera omnia lustras,
tuque harum interpres curarum et conscia Iuno,
nocturnisque Hecate triuiis ululata per urbes
et Dirae ultrices et di morientis Elissae, 610
accipite haec, meritumque malis aduertite numen
et nostras audite preces. si tangere portus
infandum caput ac terris adnare necesse est,
et sic fata Iouis poscunt, hic terminus haeret,
at bello audacis populi uexatus et armis, 615
finibus extorris, complexu auulsus Iuli
auxilium imploret uideatque indigna suorum
funera; nec, cum se sub leges pacis iniquae
tradiderit, regno aut optata luce fruatur,
sed cadat ante diem mediaque inhumatus harena. 620
haec precor, hanc uocem extremam cum sanguine fundo.
tum uos, o Tyrii, stirpem et genus omne futurum
exercete odiis, cinerique haec mittite nostro
munera. nullus amor populis nec foedera sunto.
exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor 625
qui face Dardanios ferroque sequare colonos,
nunc, olim, quocumque dabunt se tempore uires.
litora litoribus contraria, fluctibus undas
imprecor, arma armis: pugnent ipsique nepotesque.
Voici la traduction proposée (encore, si on nous avait laissé la faire...):
Et déjà sur la terre se répandait la nouvelle lumière
4, 585
de l'Aurore, qui délaissait le lit doré de Tithon.
Quand de sa haute tour la reine vit poindre l'aube
et la flotte s'éloigner en bon ordre, toutes voiles déployées,
quand elle vit le rivage désert et le port vide, sans rameurs,
trois fois, quatre fois, de la main elle frappa sa belle poitrine,
4, 590
arracha sa blonde chevelure et dit : "Oh, Jupiter, il va partir !
Cet étranger se sera moqué de notre royaume ? Ne va-t-on pas
de tous les points de la ville prendre les armes et le poursuivre ?
Ne va-t-on pas aussi faire sortir les navires des entrepôts ?
Allons, hâtez-vous, incendiez, lancez des traits, pressez les rames !
4, 595
Que dis-je ? Où suis-je ? Quelle folie altère mon esprit ?
Malheureuse Didon, c'est maintenant que ces impiétés te frappent ?
Tu aurais dû y penser lorsque tu lui donnais ton sceptre. La voilà la droiture,
la Bonne Foi de celui qui, dit-on, porte avec lui les Pénates de sa patrie,
et qui a chargé sur ses épaules son père, épuisé par les années !
4, 600
Pourquoi n'ai-je pu saisir son corps, le mettre en pièces,
et le disperser sur les ondes ? Anéantir par le fer ses compagnons,
et Ascagne même, et l'offrir en pâture à la table paternelle ?
En vérité l'issue du combat aurait été indécise. Soit ! De qui ai-je eu peur,
puisque je suis résolue à mourir ? J'aurais porté des torches dans son camp,
4, 605
enflammé les ponts de ses nefs, et exterminé le fils, le père,
et leur race, et puis, je me serais immolée moi aussi, sur eux.
Soleil, qui éclaires de tes feux tout ce qui se fait sur terre,
et toi, Junon, qui comprends et es consciente de mes angoisses,
Hécate, que des hurlements invoquent, la nuit, aux carrefours des cités,
4, 610
et vous, Furies vengeresses et dieux d'Élissa mourante,
acceptez ceci, tournez vers les méchants votre juste puissance,
et écoutez nos prières. Si cet homme exécré
doit toucher au port et atteindre sa terre,
si les décrets de Jupiter l'exigent, si ce terme est fixé,
4, 615
qu'au moins, malmené par la guerre et les armes d'un peuple audacieux,
banni de ses terres, arraché aux étreintes de Iule, il soit réduit
à implorer secours et à voir les siens mourir d'une mort indigne ;
et lorsqu'il se sera rendu aux conditions d'une paix inégale,
que jamais il ne jouisse de la royauté ni de la gloire escomptée,
4, 620
mais qu'il tombe avant le terme, sans sépulture, parmi les sables.
Voilà ma prière, voilà le voeu ultime que j'exhale avec mon sang.
Les questions sont :
1- Indiquez la progression, les étapes de la tirade de Didon (à partir du v 590, version comprise)
2- Analysez l'expression de la furor, de la folie passionnelle de Didon, dont vous relèverez les différentes manifestations au long de son monologue
3- Infelix Dido... En quoi Didon apparaît-elle ici comme un personnage tragique, seule et dans l'impasse ?
4- Qui convoque-t-elle à son secours, et pourquoi ?
Il y a ensuite une comparaison de traduction que je pense être en mesure de faire (c'est déjà un peu plus intéressant).
Accepteriez-vous de me faire quelques suggestions, et, autant le dire franchement, de répondre aux questions ?
Je vous remercie d'avance avec ferveur,
Sincères salutations,
Taïta